Accueil > Centres de ressources > Développement durable > Documentation > Communautés énergétiques » et fabrique urbaine ordinaire

Communautés énergétiques » et fabrique urbaine ordinaire

Analyses croisées Allemagne, France, Royaume-Uni
12 juin 2020,

Thèse de doctorat de l’Université Paris Est en Aménagement de l’espace, Urbanisme, effectuée au sein de l’École doctorale Ville, Transports et Territoires et du Laboratoire Techniques, Territoires et Sociétés (LATTS), sous la direction de Taoufik Souami et Xavier Bonnaud. Thèse soutenue le 12 juin 2020.

| Travaux universitaires

"Le développement des énergies renouvelables dans les zones urbaines, suscite un intérêt grandissant, tant des professionnels que de la société civile, à partager localement l’énergie produite. Mettre en place un tel objectif relève régulièrement d’initiatives énergétiques locales. Alors que le monde de l’énergie a précédemment cherché à se rendre invisible du monde urbain, le déploiement de telles initiatives énergétiques pose la question de l’accueil de ces projets par la fabrique urbaine. Nous postulons dans cette thèse que ces initiatives énergétiques locales contribuent, à leur manière, à faire réapparaître les systèmes énergétiques dans l’urbain, ainsi qu’à reconfigurer son organisation et son fonctionnement. Le travail de recherche s’appuie sur quatre études de cas dans trois pays : l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni. Les cas choisis sont l’habitat participatif des Colibres à Forcalquier (France), la Klimakommune de Saerbeck (Allemagne), le projet européen Sensible de stockage électrique à Nottingham (Royaume-Uni) et l’opération d’autoconsommation collective Smartmagne à Marmagne (France)."

"Nous nous attachons à comprendre la fabrique de ces projets, c’est-à-dire que, au-delà de la matérialité produite, nous portons nos analyses sur les acteurs et sur les mécanismes de l’action en train de se faire. Trois grands résultats sont avancés dans la thèse. Alors que le terme de ‘’communauté énergétique’’ est repris tant dans les travaux scientifiques que dans les communications nationales et européennes, nous montrons que l’utilisation du concept d’assemblage pour caractériser les initiatives énergétiques qui nous intéressent est plus pertinent. Notre objet d’étude correspond à l’articulation entre des acteurs (entreprises, chercheurs, collectifs d’habitants, promoteurs, collectivité, groupes d’intérêts, etc.) et des objets techniques et matériels relevant d’un projet énergétique spécifique : les ‘’assemblages socio-énergétiques locaux et urbains’’ (ASE-LU). Leurs liens ne sont pas basés sur des affinités sociales ou politiques, mais sont générés par la poursuite de la réalisation du projet même. Les différents projets étudiés nous permettent de situer les effets produits au sein de ce que nous appelons la fabrique ordinaire de l’urbain. Autrement dit, les cas observés, dont l’objectif commun peut être exprimé comme la mutualisation d’énergie produite localement, ne relèvent que très peu de projet d’aménagement d’envergure (ZAC, OIN, écoquartier). Dans cette fabrique ordinaire, les porteurs de projets ne choisissent pas la confrontation socio-politique pour changer les règlements, les lois et les conditions de production. Ils préfèrent emprunter les marges et les failles laissées par la fabrique ordinaire, pour faire advenir leur projet et le transformer en réalité matérielle et sociale. Enfin, nous discutons un possible rapprochement de nos études de cas avec les communs. Les ASE-LU débordent des découpages classiques (structurant pour la fabrique urbaine) entre droit de propriété et droit d’usage, entre privé et public, entre suprématie de l’intérêt général et poursuite des intérêts partiel ou individuels. Ils sont confrontés aux mêmes problématiques que les communs urbains et/ou énergétiques : blocages légaux, mobilisation de failles et d’interstices. Ils dessinent des organisations sociales et des ensembles spatio-techniques qui interrogent au moins les structures juridiques et sociales classiques, d’une part du monde de l’énergie, d’autre part, du monde de la fabrique urbaine."

PLAN DE LA THÈSE

Introduction

Partie 1 - De la communauté énergétique a l’assemblage socio-énergétique : cadre d’analyse de la mise en liens de l’énergie et de la fabrique ordinaire urbaine au sein d’initiatives locales et urbaines de mutualisation d’énergie renouvelable

  • Chapitre 1 – Interroger la fabrique urbaine ordinaire en prenant une perspective énergétique comme point de départ
    • I. L’énergie, un fondement aujourd’hui invisible des villes. Possible remise en cause par la mutualisation locale d’énergie renouvelable
    • Ii. Perspective classique pour analyser l’énergie et l’espace/l’urbain face aux nouveaux enjeux de la transition énergétique
    • Iii. Changement de perspective : une entrée par les communautés énergétiques
  • Chapitre 2 - Une méthode d’enquête inductive adaptée à l’objet d’étude émergente des communautés énergétiques : mise en regard de 4 études de cas en Allemagne, en France et au Royaume-Uni
    • I. Les communautés énergétiques dans le secteur énergétique en Allemagne, au Royaume-Uni et en France : quelles perspectives ?
    • Ii. Posture de recherche et méthode
  • Chapitre 3 – Des communautés énergétiques à l’assemblage socio-énergétique : nouvelle perspective d’analyse
    • I. Les communautés énergétiques : de la littérature scientifique au terrain
    • Ii. Définition des assemblages socio-énergétiques
    • Iii. Théorie des communs, à la croisée des travaux sur l’énergie et l’urbain
    • Iv. Formulation ajustée de la problématique

Partie 2 - Effets des assemblages socio-énergétiques locaux et urbains sur la fabrique urbaine ordinaire

  • Chapitre 4 – Des collectifs d’acteurs hétérogènes se constituent pour faire advenir un projet énergétique défini comme priorité
    • I. Saerbeck : plusieurs Ase-lu à démêler
    • Ii. L’Ase-lu du projet Smartmagne à Marmagne
    • Iii. Les Colibres à Forcalquier : un ase-lu pour atteindre l’autonomie
    • Iv. L’ase-lu du quartier des meadows à Nottingham, engagé par un projet de stockage européen
  • Chapitre 5 – Fabrique urbaine ordinaire et dispositifs techniques : utilisation et adaptation des outils de cette fabrique pour en contourner les règles
    • I. Les installations nécessaires à la production d’énergie locale urbaine présentent des conditions de mise en œuvre peu contraignantes, s’inscrivant pleinement dans la fabrique urbaine ordinaire
    • Ii. Mutualiser l’énergie : comment s’assemblent concrètement les différents éléments pour faire advenir un tel projet ?
  • Chapitre 6 – Les lieux physiques et sociaux de l’énergie comme moyens de construction de repères nouveaux dans la fabrique urbaine ordinaire
    • I. Des lieux physiques peu existants
    • Ii. Une diversité de lieux sociaux
    • Iii. Les lieux communs et les récits qui accompagnent l’ensemble de ces installations s’imbriquent avec les objectifs énergétiques

Partie 3 - Faire commun ?

  • Chapitre 7 - Faire par soi-même comme processus moteur amène a dépasser les modalités classiques d’organisation de l’urbain
    • I – Au cours des assemblages, les acteurs se mettent en action en-deça des organisations
    • Classiques des mondes urbain et énergétique
    • Ii. "Faire"’ comme logique d’action
  • Chapitre 8 - Les ase-lu comme processus de mise en commun structurelle
    • I. Convergences de nos résultats avec la théorie des communs
    • Ii. Spécificités de la mise en commun observée au sein des ase-lu
    • Iii. Dépasser le clivage entre acteurs publics et acteurs marchands ?
    • Conclusion générale

Lire l’intégralité de la thèse sur le site Tel archives ouvertes

Texte intégral / résumé

Langue de l’ouvrage