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13/11/20 - Appel à articles - Revue de géographie alpine - "Les matérialités de la transition énergétique en montagne"

Appel à articles pour le prochain numéro de la Revue de géographie Alpine "Les matérialités de la transition énergétique en montagne : pour une approche critique" prévu pour décembre 2021.

"L’appel à articles invite à explorer les matérialités de la transition énergétique en ancrant spécifiquement les questionnements dans les territoires de montagne, qui constituent, à la fois, des espaces particulièrement sensibles voire vulnérables aux effets du global change et des espaces idéalisés de la « nature » à conserver. Les initiatives de transitions énergétiques y sont donc nombreuses. La prégnance de l’environnement montagnard, influe également sur les rapports des habitants à cet environnement, qui conditionnent, soutiennent ou freinent la mise en place des transitions énergétiques au-delà des gains économiques, ouvrant à des motivations d’ordre plus idéologiques. L’aménagement de ces territoires, contraints par leur relief et leurs configurations géographiques, réinterroge également la logique de déploiement des réseaux énergétiques, en faisant valoir des initiatives énergétiques en site isolés, véritables territoires pilotes de nouvelles formes de consommer et de produire de l’énergie. Les refuges sont à ce titre des territoires d’innovation particulièrement intéressants, interrogeant à la fois sur les pratiques de consommation et de production autonome."

OBJET

"Mais ces territoires sont également des territoires riches en ressources minérales, métalliques et terres rares nécessaires aux nouvelles technologies énergétiques (panneaux solaires, éoliennes, smart grid, batteries etc.), mis en exploitation au services d’autres territoires, avec toutes les implications que cela pose en termes de décohésion sociale, de « dénaturation » des paysages autochtones et d’irréversibilité environnementale. D’autre part, à l’échelle mondiale, les territoires de montagne possèdent également d’importantes ressources énergétiques non-conventionnelles (eau, radiations solaires, géothermie entre autres) qui les placent à la fois comme de potentiels pourvoyeurs d’énergies renouvelables et comme des territoires idéaux de la transition, l’exploitation de ces ressources induisant de facto des impacts territoriaux positifs et/ou négatifs. Les territoires de montagne, invitent ainsi à questionner des sujets sociétaux et médiatisés, facilement idéologisés, en prenant en compte la diversité des situations, les enjeux différenciés selon les contextes montagnards (configurations géographiques, situations de marge, formes de développement, densité de peuplement, isolement, connexions etc.), permettant d’adopter une démarche critique vis-à-vis des discours ambiants."

AXES

"Objet de rapports de pouvoirs multiformes, la question de la matérialité des transitions énergétiques replace les territoires de montagne dans une nouvelle centralité. Se pose ici la question de l’intérêt environnemental des territoires de montagne : réserve de commodities supports de la transition, réserve de biodiversité soustraite à la sphère marchande ou économiquement valorisable, en envisageant les divergences et les convergences entre les Nords et les Suds globaux. Partant, il est possible de s’interroger sur les échelles (1) des transitions énergétiques de l’expérience à l’adoption des innovations et de leurs implications matérielles ; (2) des rapports de domination (y compris Nords-Suds) ; (3) de reconfiguration du politique. Sans être exclusif, l’appel à articles invite à explorer ces trois dimensions de la matérialité :

  • (1) Ressources : Les nouvelles technologies permettent d’alimenter une croissance économique « verte », qui peut elle-même peut être perçue comme une contradiction de la transition. Sur le plan environnemental, social et politique, le recours à des technologies pouvant être polluantes et nécessitant des ressources extractives fait rejouer et renforce des rapports de pouvoir inégaux. De plus, cette notion de « croissance verte » ne permet pas de remettre en question le paradigme capitaliste, fondé sur l’augmentation de la consommation de biens et de services « high-tech » induisant un besoin accru en matières (Bridge et al. 2013 ; IPCC, 2014, Child et al. 2018), lui-même restructurant le secteur de l’extraction (Addison, 2018). Ce phénomène s’illustre par le développement des dispositifs de stockage de l’énergie : les batteries, qui nécessitent de nombreuses matières (lithium, cobalt, nickel, etc.) permettant de penser autrement l’énergie, les réseaux (Carrizo et Forget, 2017 ; Forget et al., soumis) et les services comme la mobilité (Ali et al. 2017 ; Cranois, 2017 ; Martin et al., soumis, Vikström et al., 2013).
  • (2) Localisation : Les lieux prennent une nouvelle valeur associée à la priorité d’une production énergétique in situ. En zone de montagne, au développement historique de la force hydraulique et du bois-énergie, s’ajoutent désormais des fermes solaires, des installations géothermiques, la méthanisation, etc. (Droulers, 2019 ; Flaminio, 2016 ; Sanjuan, Béreau, 2001). Les énergies renouvelables, sous leurs multiples formes, rappellent que si les ressources sont des constructions sociales, la matière et, partant les territoires où elle se trouve, sont centraux dans la production énergétique. Cette situation permet d’appréhender le phénomène de « place dependence » ou dépendance des lieux, soit les contraintes de la matérialité des territoires dans la production énergétique (Chabrol, 2016) interrogeant de facto la dépendance au sentier (Aykut et al., 2017) dans le secteur de l’énergie.
  • Infrastructures : leurs évolutions ou leurs permanences face à la question de la transition interrogent à la fois leur matérialité, leur perception, leur acceptation et leur (non)intégration paysagère en réponse aux nouvelles manières de penser l’énergie.

INFORMATIONS PRATIQUES

Date limite de soumission : le 13 novembre 2020.

Adresses d’envoi : marie.forget@univ-smb.fr ; sylvie.duvillard@univ-grenoble-alpes.fr ; olivier.vallade@msh-alpes.fr

Modalités : Propositions d’articles d’environ 1 000 mots en français (auteurs francophones) ou en anglais (auteurs d’autres langues)

Voir l’appel à articles sur le site de la revue