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2-3/04/15 - Citoyenneté et démocratie à l’épreuve des inégalités spatiales et des identités

Colloque, 2-3 Avril 2015, Université de Tours.

"Les récents questionnements scientifiques sur la citoyenneté sont davantage centrés sur ses pratiques, ses expressions et ses significations quotidiennes que sur son caractère institutionnel et encore moins sur le statut juridique qui lui est lié en termes de droits et d’obligations. Nous pouvons même avancer l’idée que la citoyenneté s’est progressivement déterritorialisée, de telle sorte que le lien étroit entre souveraineté territoriale de l’État-nation et loyauté politique est de plus en plus remis en question. En effet, les références locales, l’appartenance à une communauté groupée autour d’un espace de vie à l’échelle infranationale peuvent changer le regard sur la citoyenneté, ébranler les fondements de la citoyenneté nationale au point d’en proposer de nouvelles formes d’expression. Plusieurs communautés citoyennes (minorités, groupes politiques, habitants d’un quartier, ceux qui se sentent exclus des processus de décision, etc.) ont commencé à revendiquer leurs droits culturels et politiques, à prétendre à une certaine visibilité dans l’espace public, à s’approprier l’espace et à investir les villes, par leurs pratiques socio-culturelles et leurs modes de vie spécifiques."

le colloque sera organisé autour de trois axes majeurs :

  • La citoyenneté au prisme des inégalités spatiales :

Cette session visera à interroger les processus de fragmentation socio-territoriale qui marginalisent des individus et des populations se sentant loin de la participation citoyenne. Plus encore, en quoi de tels processus peuvent conduire à faire de l’identité citoyenne non pas un support de sens mais bien plus un support de non-sens ? Les inégalités spatiales font l’objet de nombreuses recherches. Iris Marion Young part, par exemple, du principe que l’approche socio-économique est insuffisante pour définir l’injustice et les inégalités. Dès lors, il est question de s’interroger sur la reconnaissance et l’acceptation de l’altérité et de prôner des politiques attentives aux droits des groupes, non pas communautaires mais affinitaires (Young, 1990). Les inégalités spatiales trouvent d’emblée corps dans le concept de justice spatiale qui permet d’intégrer des nouvelles dimensions et échelles aux inégalités mais aussi à la citoyenneté. Qu’en est-il par exemple quand tous les citoyens n’ont pas accès à un environnement de même qualité ? Les mobilisations environnementales peuvent-elles être analysées en mettant en exergue le lien entre citoyenneté et inégalités spatiales ?

  • L’identité vs la citoyenneté ? :

Il s’agira ici de comprendre comment les conflits incitent les communautés à reconsidérer leur citoyenneté et à inventer de nouvelles pratiques qui lui sont liées ; comment ces résistances émergent dans des lieux ethniquement ou politiquement stigmatisés par différents types d’acteurs (institutions publiques, forces de police, médias, opinion publique, habitants des quartiers eux-mêmes). Nous nous interrogerons également sur les liens entre processus identitaires, lieux de vie et/ou de mémoire et citoyenneté.
L’identité est-il une composante indispensable des expressions citoyennes
et de la citoyenneté ? Peut-on considérer les identités comme une entrave à la citoyenneté ? Si on sort de la perception statique et institutionnelle de la citoyenneté, quels sont les lieux de son expression ordinaire par exemple ? Qu’en est-il des pratiques quotidiennes ? Quel est le rôle de la ville dans ces processus ? Inversement, dans quelle mesure la ville est le théâtre d’une négation d’une citoyenneté globale suite à des revendications identitaires souvent excessives et, par extension, enclines à réduire l’autre à un non-autre, à un autre chosifié, réifié ?

  • La ville comme le lieu d’expression identitaire et d’invention de pratiques citoyennes :

Cet atelier entend faire le point sur cette idée déjà formulée par Max Weber (1982) il y a un siècle selon laquelle « l’air de la ville rend libre », en tant que scène privilégiée d’expression politique. Comment ne pas penser également ici aux propos de Marcel Roncayolo (1997, p. 145-146) insistant avec force sur cette dimension : « Mais la ville, lieu de centralité, est également site privilégié de l’expression, de la diffusion
des idées, de la lutte aussi ; capitale, elle organise les dominations comme elle couve les révolutions [...].
La vie urbaine laisse enfin place à des organisations, formelles ou non, à des mouvements qui, sans participer aux affaires de la ville, parfois en marge, ont un enracinement et un champ d’activités urbains.
Faut-il élargir la question à tous les mouvements sociaux, se demander dans quelle mesure, par exemple,le mouvement ouvrier, les actes collectifs de revendication, de luttes ou de violence prennent leur identité dans la ville ? ».
Au regard des événements politiques de ces dernières années ayant eu pour cadre d’action la ville, avec ses places hautement symboliques, il est question, dans le sillage des analyses de Weber, de revenir, avec un regard analytique, sur l’importance de la ville comme scène de lutte pour la liberté et la réduction des inégalités, que cette lutte soit collective ou individuelle, qu’elle soit politique, culturelle, symbolique ou encore économique.

Voir la démarche pour effectuer l’inscription sur le site du colloque.