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31/01/22 - Appel à article - "Trajectoires locales de transition socio-environnementale : une approche par l’opérateur territorial"

Appel à article pour un numéro thématique de la revue Norois intitulé « Trajectoires locales de transition socio-environnementale : une approche par l’opérateur territorial ».

"Les contributions viseront à présenter des cas concrets d’opérateur territorial de la transition rendant compte d’une diversité de systèmes relationnels, de ressources et de thématiques mobilisées. Elles peuvent également avoir une portée plus épistémologique, portant par exemple sur les nouvelles formes de production transdisciplinaire et croisée, ou encore sur les dispositifs de recherche-action et plateforme d’échanges conçus pour répondre aux enjeux territoriaux de la transition."

OBJET

"Ce numéro interroge la figure de l’opérateur territorial pour rendre compte des dispositifs et organisations innovants permettant de dessiner localement des trajectoires de transition socio-écologique.
Définie comme un changement désiré et systémique (Chabot, 2015), la transition implique de redéfinir des valeurs sociétales en rupture avec le mythe d’un développement moderne et sans limites, de co-construire des connaissances croisées à partir de savoirs issus d’une pluralité de mondes, de perspectives et d’heuristiques ou encore de ré-inventer les relations au vivant humain et non humain. A l’échelle locale, ces actions de transition peuvent prendre la forme d’initiatives sociales et écologiques radicales portées par la société civile, ainsi que par des actions publiques conduites par les autorités locales. Or, la mise en œuvre de trajectoires territoriales de transition se heurte à un certain nombre de freins aujourd’hui identifiés : une crise de la délibération démocratique qui affecte également les échelons locaux décisionnaires, des filières ou régimes socio-techniques peu favorables à l’introduction d’acteurs et de logiques territoriales, un déficit en matière de compétences et de ressources cognitives pour appréhender un problème complexe, des espaces d’échange entre collectivités territoriales et société civile absents ou inefficaces. Pour autant, nos observations indiquent que des initiatives de transition socio-écologique donnent lieu à la mise en place d’organisations ou de dispositifs hybrides innovants, capables de fédérer les activités et stratégies d’acteurs territoriaux, de faire converger différentes formes de connaissances et de compétences, et en retour d’accélérer les dynamiques locales de transition. Nous appelons opérateur territorial de la transition un système relationnel crée ad hoc, capable de réunir une pluralité d’acteurs localement ancrés (publics et/ou privés), de problématiser les enjeux et d’identifier les opportunités territoriales de transition (Durand & Landel 2020 ; Lapostolle 2021). L’opérateur territorial peut prendre la forme d’une structure institutionnelle ou juridique, telle qu’une association ou une société d’économie mixte ou d’inspiration coopérative (Durand & Landel, 2015), mais aussi d’un système d’échanges plus informel (Challéat et al., 2018). Il constitue ainsi une structure d’interface entre acteurs internes et externes au territoire (François et al, 2013). Il peut viser à l’appropriation territoriale de nouvelles ressources (par exemple énergétiques ou environnementales) et donner lieu à une redéfinition des relations de pouvoir, tant au sein du milieu territorial que vis-à-vis d’acteurs exogènes. Il peut également constituer une plate-forme d’échanges pour la construction de savoirs situés. A ce titre, les tiers lieux représentent des espaces expérimentaux et participatifs où connaissances profanes et scientifiques se rencontrent, frictionnent et s’enrichissent (Klein, Pecqueur, 2020).

Nous identifions trois orientations principales sur lesquelles les contributions pourront porter :

  • la première porte sur l’interaction entre les initiatives localisées et l’action publique territoriale.
    Nous partons ici de l’hypothèse que la capacité à transformer les trajectoires territoriales de développement se situe dans la qualité de la relation entre les différentes sphères professionnelles, la société civile porteuse d’innovations radicales et les acteurs publics territoriaux. Il est ainsi intéressant de comprendre en quoi la présence de l’opérateur modifie les relations entre ces différents groupes d’acteurs au sein de l’écosystème territorial et peut conduire les acteurs formels et informels à se repositionner dans les jeux de force et les controverses qui structurent la transition socio-écologique. Cette dynamique relationnelle questionne de manière frontale les conceptions et modalités d’action de l’ingénierie territoriale dans la façon d’énoncer la « réalité territoriale » pour la transformer. Quelle part laisse-t-elle à la constitution du public, conçu comme une instance intermédiaire entre les gouvernants et la société civile, pour définir les trajectoires territoriales de transition ?
  • une seconde entrée porte sur les ressources générées par l’opérateur. Cela renvoie par exemple aux nouvelles formes de connaissances produites, aux ressources relationnelles et cognitives issues de l’interaction au sein de l’opérateur. Comment celui-ci tire-t-il parti des capacités novatrices des initiatives locales, parcellaires, isolées pour les relier entre elle ? Comment s’y prend-il pour combiner la connaissance des limites sociales et environnementales planétaires (Leach, Raworth et Rockström 2013) à l’appréciation des significations et des objectifs particuliers de transition socio-écologique à l’échelle locale ? Quelles sont les opérations et intermédiations (Nadou, Talendier, 2020) qui permettent à ces ressources de transition de prendre sens dans la réalité concrète du territoire ? Nous pensons notamment à leur combinaison avec d’autres ressources territoriales existantes, ou encore à leur inscription au sein d’un récit territorial. L’appropriation de (nouvelles) ressources territoriales de transition ne va pas non plus de soi. Comment l’opérateur arrive-t-il à s’insérer ou à contourner des filières et organisations socio-techniques qui n’ont pas été pensées à partir d’un modèle de transition socio-écologique ?
  • un dernier point porte sur les échelles de l’opérateur. Ce questionnement renvoie aux opérations de diffusion des modèles, des connaissances et des ressources de transition à des échelles sociales et spatio-temporelles plus larges (Grosetti, 2006). Dans quelle mesure cette dynamique relationnelle est-elle en capacité de faire monter en généralité les initiatives situées de transition, de leur faire changer d’échelle spatiale et institutionnelle ? Il semblerait que les opérateurs suivent une trajectoire de diffusion plus proche de l’essaimage, c’est-à-dire d’une diffusion/ré-interprétation horizontale, d’un territoire à un territoire, qu’une trajectoire ascendante d’agrégation. Ce point questionne notamment, mais non exclusivement, la mise en réseau des opérateurs de transition. Il peut s’agir ici d’identifier des formes et fonctions de ces réseaux d’opérateurs, mais aussi les résultats qu’ils produisent."

INFORMATIONS PRATIQUES