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Pour une intelligence énergétique : ou comment se libérer de l’emprise de la technique sur les usages du logement

12 novembre 2012,

Métropolitiques, dossier Fabriquer la ville à l’heure de l’injonction au « durable », 12 novembre 2012.

| Articles scientifiques

"Synonyme de confort, la généralisation des appareils ménagers et des systèmes automatisés dans l’espace domestique tend pourtant à renforcer l’inégale répartition des tâches domestiques en défaveur des femmes. Face à l’emprise croissante des normes techniques sur les usages du logement, Hélène Subrémon invite à reconnaître « l’intelligence énergétique » des habitants."

"Changer les comportements, instaurer de nouvelles normes techniques et travailler à leur acceptabilité sociale sont autant d’injonctions qui pèsent sur les modes de vie occidentaux pour les rendre plus « soutenables ». Alors que les politiques publiques cherchent à comprendre quels seraient les bons leviers pour les modifier en profondeur et atteindre des objectifs quantifiés, les sciences sociales, en particulier la sociologie et l’anthropologie des usages, cherchent à comprendre quelles pratiques sont en jeux, quels sont leurs dynamiques de changement et à cerner l’ensemble des logiques à l’œuvre, celles-ci étant par souvent contradictoires (Subrémon 2011).

Il est alors intéressant de se concentrer sur les usages de l’énergie, sur lesquels reposent de forts enjeux politiques, économiques et sociétaux, en tant que solutions empiriques aux conflits qui se déroulent dans l’espace domestique. Les habitants, que nous sommes, semblent être les protagonistes de conflits confrontant des prescriptions normatives répondant à des logiques techniques, issues de la pensée de l’ingénieur et de la pensée rationaliste, et des savoirs habitants héritiers de transmissions sociales et culturelles. Les uns imposent des cadres performants pour autant que l’on s’y soumette. Les autres s’apparentent à un bricolage imparfait, mais porteur de sens et de symbolique.

Au quotidien, les habitants investissent leurs logements et résolvent ces conflits par la mise en place d’usages d’appropriation du chez-soi, d’habitudes, de façons de faire. Malgré une structuration normative très forte des usages, nos modes d’habiter, expressions de notre appartenance sociale et culturelle, trouvent à s’immiscer dans les failles ou les espaces laissés vacants par des objets techniques de plus en plus sophistiqués. Ils mettent ainsi en œuvre ce qu’il est possible d’appeler « l’intelligence énergétique ».

Il est possible d’en décrire les caractéristiques à partir d’une analyse des constructions normatives socio-techniques qui structurent fortement la nature même des usages – les normes de confort et les valeurs de contrôle et de productivité. L’objectif est alors de poser « l’intelligence énergétique » comme étant le fruit de la négociation opérée par les habitants entre leurs propres savoir-faire et le donné technique propre à toute habitation moderne [1]."

PLAN DE L’ARTICLE

  • Une certaine idée de son confort
  • Économie domestique et consommation d’énergie
  • L’intelligence énergétique : un espace laissé vacant par la technique

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[1] Cet article est issu d’une thèse de doctorat soutenue en 2009 à l’Université Paris-Ouest Nanterre La Défense, intitulée Habiter avec l’énergie. Pour une anthropologie sensible de la consommation d’énergie. Les terrains d’enquête se situent en France (banlieue est de Paris), au Royaume-Uni (le Grand Londres) et en Allemagne (Karlsruhe et Berlin).

Texte intégral / résumé

Langue de l’ouvrage

mots-clés Développement durable