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14/12/2014 - Empowerment, participation, activation... Des concepts aux pratiques d’intervention sociale

Appel à contributions pour le 1er numéro de la revue SAS Sciences et Actions Sociales, qui sera publié au cours du 1er trimestre 2015.

Cet appel à contributions coordonné par Manuel Boucher fait suite à l’organisation de la conférence sur l’empowerment et l’intervention organisée le 19 septembre 2014 à Perpignan1. En effet, en France, depuis les émeutes urbaines de 2005, nous assistons de la part des professionnels de l’intervention sociale impliqués dans la politique de la ville à un véritable engouement pour le concept d’empowerment. Dans un ouvrage récent très remarqué sur cette notion généralement traduite en français par la notion de « pouvoir d’agir », Marie-Hélène Bacqué et Carole Biewener indiquent que ce concept polysémique venu des Etats-Unis a émergé dans les débats publics en France dans les années 2000. Pour Thomas Kirszbaum (2013), « instruits sur les pratiques nord-américaines de développement urbain et social par des travaux français, ces professionnels se sont emparés avec ferveur de cette notion riche de promesses pour transformer le rapport des institutions avec les populations marginalisées des villes. » Plébiscitant une approche bottom up (du bas vers le haut) plutôt que top down (du haut vers le bas) pour transformer la politique de la ville, Jacques Donzelot (2012) observe ainsi avec intérêt l’aspiration actuelle de professionnels sociaux de renouveler leurs pratiques et « leurs métiers de façon à accompagner les luttes (des habitants) en se dotant d’une capacité organisationnelle qui ne faisait pas vraiment partie de leur bagage jusqu’à présent. » Donzelot appelle de ses vœux une mutation des conduites professionnelles des intervenants sociaux qui, dorénavant, comme le revendique le collectif « Pouvoir d’agir » doivent « promouvoir le collectif comme support de la mobilité individuelle ».

Mais au-delà de la politique de la ville, c’est l’ensemble du champ social qui est aujourd’hui concerné par les concepts d’empowerment (capacitation, empouvoirisation...) et de « participation ». En effet, comme le souligne Maryse Bresson (2014), le concept de participation, dans l’objectif de « mettre en œuvre l’idéal démocratique et le principe d’égalité des citoyens » inspire, aujourd’hui, de nombreux textes de lois dans le domaine des politiques sociales. Les prérogatives législatives initiées au début des années 1980 et réaffirmées au cours des années 2000 (lois de 2002 et de 2007) soulignent toute l’importance de démocratiser les pratiques en travail social. Dans cette perspective, Bacqué et Biewener (2013) remarquent qu’en Amérique, au sein de l’intervention sociale, « l’empowerment est utilisé par des profesionnel(le)s dès la fin des années 1970 pour reconfigurer des pratiques ou comme nouveau paradigme ; il représente l’une des premières théorisations et systématisations de la notion et illustre la façon dont elle est instrumentalisée dans le temps pour devenir une technique du travail social. »

Pour autant, elles notent également que même si différents promoteurs de la notion d’empowerment utilisent le même vocabulaire, ils se différencient idéologiquement entre des modèles « radical », « libéral » et « néo-libéral ».

Les articles proposées doivent pouvoir répondre à une ou plusieurs des interrogations suivantes : au-delà des discours convenus sur la nécessité de faire « participer » les usagers du champ social et médico-social, comment se traduit l’incitation au développement d’un « modèle d’implication » des usagers ? Cette transformation entraîne-t-elle des changements dans les représentations et les pratiques professionnelles des intervenants sociaux et des usagers ? Existe-t-il des écarts entre l’appel à la « démocratisation » des pratiques d’intervention sociale, notamment caractérisée dans le cadre de la protection de l’enfance par la nécessité de mettre en œuvre « une posture favorisant une dynamique d’implication et de participation des enfants et de leurs familles » et les possibilités effectives offertes aux intervenants sociaux d’intégrer cette dynamique dans leurs pratiques ? En effet, depuis plusieurs années, le champ social étant confronté à la rationalisation et à l’emprise croissante de logiques « gestionnaires », comment les travailleurs sociaux arrivent-ils, cependant, à composer avec cette contrainte pour favoriser l’implication des usagers dans les modes d’intervention sociale ? Comment démocratiser le champ social sans pour autant produire et institutionnaliser une « idéologie de la participation » détachée d’une perspective de transformation sociale ? La revendication de plus en plus d’intervenants sociaux de développer le pouvoir d’agir de leurs usagers ne risque-t-elle pas de devenir un nouveau conformisme au sein du travail social sans pour autant transformer les pratiques et les logiques de domination en œuvre dans ce champ ?

[1] Cette conférence intitulée : « Empowerment, participation, activation… Des concepts aux pratiques d’intervention sociale » a été organisée le 19 septembre 2014 par le Centre de recherche interinstitutionnel sur la transformation et l’intervention sociales (CRITIS), le laboratoire Communication – organisation – ressources humaines – intervention sociale (CORHIS) en partenariat avec les IRTS Paca-Corse, Languedoc-Roussillon, Aquitaine et Haute-Normandie, l’Université Perpignan Via Domitia et l’Association des chercheurs des organismes de la formation et de l’intervention sociales (ACOFIS).

Les propositions de contribution doivent respecter les recommandations aux auteurs présentées dans la rubrique : « proposer un article ». Ces propositions doivent être envoyées par courrier électronique au format .doc ou .rtf à l’adresse suivante : redaction@sas-revue.org

avant le 14 décembre 2014.

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